Focus sur le Malawi : le projet d'Inter Aide
Association : Inter Aide
Avec environ 15 millions d'habitants, le Malawi appartient aux pays les moins avancés et occupe le 170ème rang parmi 186 pays, selon l'Indice de Développement Humain en 2013. 86% de la population vit en zone rurale et pratique une agriculture familiale de subsistance principalement vivrière et dominée par la culture du maïs. L'agriculture emploie environ 80% de la population active et contribue, avec plus de 30%, à la plus grande part du PIB.
Les paysans du Malawi ont connu en 2008 une amélioration de leurs capacités productives grâce à un programme national de subventions des intrants agricoles (engrais chimiques et semences hybrides de maïs) associé à de bonnes saisons pluvieuses. Pour la première fois, la production nationale a alors permis de dégager des excédents de maïs destinés à l’exportation. Malheureusement, ce programme, très coûteux pour le gouvernement, souvent accaparé par des leaders locaux et récemment associé à une succession de saisons pluvieuses très mauvaises (2010, 2011, 2012), s’est rapidement essoufflé. Si bien qu’il est loin aujourd’hui de répondre aux besoins des paysans les plus vulnérables et les niveaux de production et les stocks nationaux sont à nouveau à la baisse.
En parallèle, des témoignages récurrents de paysans soulignent une diminution de la fertilité des sols due à l’accessibilité de plus en plus réduite aux intrants chimiques, et à la faible restitution de matière organique aux sols. De même, plusieurs de ces témoignages mettent en avant l’érosion de la diversité des espèces et des variétés cultivées, avec la domination de la culture du maïs. Cela se traduit par une plus grande vulnérabilité des paysans face aux divers aléas et une difficulté croissante à accéder à nouveau à ce matériel génétique lorsqu’ils souhaitent diversifier leurs productions. S’ajoute à ces contraintes une réduction de la superficie moyenne cultivée par famille, due à une forte croissance démographique encore peu absorbée par d’autres secteurs économiques que l’agriculture.
Par ailleurs, le taux de déforestation est de l'ordre de 2,4% par an, en grande partie généré par les besoins des ménages en bois pour la cuisine et la construction, mais aussi pour des activités économiques telles que le séchage du tabac ou la construction de briques.
Enfin, au Malawi, l’héritage culturel et traditionnel, relativement individualiste, ne favorise pas jusque là des mécanismes spontanés d'entraide ou de mutualisation : c’est une des causes du fort déficit de structuration du monde rural. Cela se traduit notamment par l’inexistence d’organisations paysannes (OP) à même de représenter les intérêts des micro-producteurs, de favoriser et de pérenniser la diffusion d’innovations, de nouer des partenariats extérieurs, et de faciliter l’accès aux marchés d’intrants ou aux filières de commercialisation.